Là, on va commencer à taper dans le dur... à s'empêtrer dans les modes de navigation que certains redoutent comme la peste. Et pourtant, il suffit parfois de les découvrir dans le calme d'un salon puis de les pratiquer une ou deux fois hors de la pression d'un rallye, ils deviendront alors vos meilleurs amis. Ou presque.
Le terrible, l'incompris, l'illustre inconnu, j'ai nommé... le fléché allemand !
Je ne reviendrais pas sur les origines du nom, elles importent peu. Je vais surtout m'intéresser à 3 points : ce qu'on y voit, ce qu'on y voit pas et comment on l'aborde. Comme d'habitude, ce que je vous propose n'est pas la sacro-sainte vérité, mais seulement quelques pistes de réflexion pour aborder la navigation plus sereinement.
Ce qu'on y voit
Le fléché allemand, c'est une flèche qui monte (ou descend), bordée de pleins de traits. Sauf que derrière ces traits se cachent plusieurs configurations possibles : chaque trait représente une route que vous ne devez pas emprunter. Un trait à gauche signifie que, dès que cela sera possible, vous laisserez une route à gauche ; à l'inverse, 2 traits à droite qui se rejoignent signifient qu'il faudra laisser 2 routes à gauche simultanément. Ajoutez à cela quelques panneaux de signalisation et autres indications, vous aurez alors toutes les cartes en main. Mais soyez-y attentifs : laisser une route à gauche qui indique le patelin de "Parrissy Lassorti" ne veut pas seulement dire qu'il faudra laisser une route à gauche...
Ce qu'on y voit pas EN GENERAL
Je vais ici être un peu plus prudent car les règles peuvent différer d'un organisateur à l'autre, il faudra alors vous référer aux tutoriels et précisions que fournira votre bourreau du jour.
Le premier truc qu'on ne voit pas sur un fléché allemand, c'est la distance partielle : sauf exceptions, les fléchés allemand sont démunis de distance, 2 traits peuvent être séparés de 100m comme de 10km, rien ne vous l'indiquera. Prudence donc, j'ai connu un rallye où la 1ère note se trouvait à 8km du départ (coucou la Porcelaine, de mémoire).
Le deuxième truc, ce sont les routes non empruntables. En effet, une route non goudronnée, un sens interdit, une interdiction de circuler... sont autant de caractéristiques qui rendront la route impraticables, ne la laissant donc pas apparaître sur le support.
ATTENTION à la notion d'impasse. Eh bien oui, n'en déplaisent à certains qui liront ces lignes : une impasse n'est pas forcément une voie sans issue. C'est d'ailleurs pour cela qu'il existe 2 panneaux différents pour cela... ainsi, il faudra bien vérifier sur les supports de chaque organisateur : chez nous en tous cas, une impasse pouvant être débouchante, elle comptera, il lui faudra être parée de l'allumette pour ne pas compter.
Ce qu'on n'y voit pas QUAND ON EST EN CATEGORIE EXPERT
Je mets cette mention à part car cette règle est souvent destinées aux catégories EXPERT : c'est la redoutée route fantôme. Lorsqu'un plateau d'expert devient bon au point de déjouer les pièges presque sans se gratter une seule fois la tête, il faut alors trouver de nouvelles combines. Et celle-ci se trouve quasiment déjà écrite mais n'est exploitée depuis peu. En effet, il est de coutume, sur un rallye (banalement dans un but de sécurité des équipages), de ne pas faire croiser les concurrents. On peut même en faire une règle générale, il suffit de l'inscrire sur nos supports. Mais dès lors qu'on ne peut pas faire croiser les équipages, que devient une route (qu'on appellera AB) une fois que vous l'avez empruntée dans le sens A vers B ? Eh bien elle devient un sens interdit dans le sens B vers A ! Dès lors qu'elle est en sens interdit, pourquoi devrait-elle figurer sur le fléché allemand ? Cette route devient route fantôme : une route empruntée dans un sens de circulation ne peut plus l'être en sens inverse, cette route ne compte plus... illustrons cela par un rond point : si vous faites le tour complet du rond-point, vous allez retomber sur votre entrée. Cette dernière ne peut donc plus être une sortie, puisque vous y croiseriez le reste des équipages.
Le fléché Mille Sources
Quittons les terres teutonnes pour les terres corréziennes et creusoises, découvrons le fléché qu'on appellera Mille Sources en honneur au rallye qui lui a donné ses lettres de noblesse.
Il se présente là aussi comme une arrête de poisson, mais bordée de flèches : elles indiquent la route à suivre. Ainsi, une flèche vers la droite indiquera qu'il faut tourner à droite. Même règle que pour le fléché allemand : pas de notion de distance, les indications complémentaires valent obligation...
On pourra d'ailleurs le mélanger avec le fléché allemand : pour éviter les zones qui prêtent à confusion ou qui pourraient poser souci, on pourra mettre quelques flèches au milieu d'un fléché allemand... pour vous aider bien sûr !
Comment on les aborde ces !#*<#! d'arrêtes de poisson ?
Très honnêtement, même avec l'appui de notre druide Passionmécanix, je n'aurais ni potion ni solution magique. Reste un conseil, déjà évoqué, souvent répété : allez-y doucement ! C'est, en toute sincérité, un gage de sécurité (pour vous comme pour l'organisateur) mais surtout un gage de qualité de navigation : prenez le temps de "valider" les routes comme nous disons avec mon pilote, quitte à s'arrêter pour s'assurer qu'elle ne cherche pas à nous piéger. Mieux vaut perdre un peu de temps plutôt que de bomber, revenir en arrière, s'énerver... même s'il n'est pas impossible que même en prenant votre temps vous tombiez dans les pièges de l'organisateur. Mais un beau piège en est-il vraiment un ? Pourquoi ne tourneriez-vous pas à droite sur cette image ? A cause de la Voie Sans Issue que l'on aperçoit au bout de la flèche rouge... mais je vous invite à aller voir une vue aérienne du lieu pour vous rendre compte que les apparences sont par définition trompeuses...
Voilà qui conclue cet épisode 5 et notre série de tutoriels... en attendant d'avoir de nouvelles idées !